Faites-les Lire! par Michel Desmurget


Nul ne sera surpris d’apprendre que je défends avec grande ardeur la lecture comme activité intellectuelle de premier plan. Non seulement j’enseigne à des enfants (de 6 à 9 ans) qui sont en plein dans le processus d’apprentissage de la lecture, du décodage à la compréhension, mais ce présent article est publié sur un blog dévoué à cette activité. Un livre prônant les vertus de la lecture, particulièrement pour les enfants et les adolescents, semble avoir été écrit pour moi personnellement.

Je dois admettre que le sous-titre du livre a immédiatement capté mon attention. Le terme « crétin digital » est à la fois cocasse et évocateur. Il laisse sous-entendre que l’auteur s’attaquera d’abord et avant tout au fléau des écrans, impression exacerbée lorsque j’ai appris que son ouvrage précédant était écrit dans ce but précis. Heureusement, bien que son dédain face aux écrans soit visible à plusieurs moments dans le livre, cela ne m’a jamais semblé être l’objet principal.

Tout d’abord, il brosse un portrait de la situation actuelle, soit une chute considérable des compétences en lecture des dernières générations. Il s’intéresse principalement à la situation en France, mais fait tout de même état de ce qui se passe dans plusieurs pays occidentaux et parfois ailleurs dans le monde. En bref, les données sont inquiétantes, compte tenu de l’importance capitale de la lecture sur le développement intellectuel, social et culturel.

Il est ensuite question des mécanismes employés dans l’apprentissage de la lecture. D’abord, un petit détour pour parler de l’aspect biologique, puisque la lecture est une activité intellectuelle relativement récente dans l’histoire de l’humanité. Il analyse également les différentes étapes à travers lesquelles passent les enfants ; décodage, compréhension, inférences, etc. Ce qui m’a marqué, c’est la profondeur de l’analyse, qui va bien au-delà de qui est abordé en temps normal.

Par la suite, il met de l’avant les différents bienfaits de la lecture sur essentiellement tous les aspects de l’expérience humaine. Nous avons souvent tendance, moi le premier, à attribuer des bénéfices essentiellement, pour ne pas dire uniquement, intellectuels à la lecture (vocabulaire, jugement critique, connaissances, etc.). Toutefois, les impacts positifs sur les autres sphères sont tout aussi notables.

Il termine en présentant des méthodes et techniques pour encourager la lecture. Cette section, encore plus que le reste de l’ouvrage, s’adresse aux parents et aux enseignants, principaux acteurs qui appuient l’apprentissage de la lecture. Dans l’ensemble, sans minimiser le rôle de l’école dans la mise en place des fondements plus formels de la lecture, il place entre les mains des parents la responsabilité de former les lecteurs de demain.

Le ton du livre est parfois alarmiste – avec raison, je pense – mais l’auteur ne m’a jamais semblé exagérer l’étendue du problème. Il faut considérer que je partageais un point de vue similaire sur l’importance de la lecture avant d’entamer l’ouvrage. Une personne qui lit peu ou qui n’a jamais été attirée par la lecture pourrait trouver le tout un peu plus confrontant. C’est bon signe ; ce qui nous rend inconfortables nous incite à nous questionner sur nos habitudes et nos perceptions.


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